En cette période de fêtes, il est agréable de se laisser bercer par la magie des contes de noël. Mais malheureusement, toutes les histoires ne sont pas si belles. Je vais commencer cet article en vous racontant une histoire vraie, mon histoire. Lorsque j’étais enfant, je devais avoir environ 6 ans, j’ai demandé à mon parrain de recevoir un chien en peluche pour les fêtes de fin d’année. J’avais complètement craqué dans un magasine de jouets sur un chien que l’on pouvait habiller, faire changer de pelage via un système de couches interchangeables. Une peluche ! Demande assez anecdotique pour une enfant.
Quelques temps après la Saint Nicolas, mon parrain est venu nous rendre visite, les bras chargés de cadeaux. Enfin surtout d’un en particulier : un jeune chiot Jack Russel plus vrai que nature. Pas étonnant puisqu’il s’agissait d’un vrai chien bien réel ! Je ne vais pas y aller par quatre chemins, ce petit loup est resté de mémoire quelques mois chez nous avant d’être replacé car cette petite bombe n’était pas du tout adaptée à une famille avec deux jeunes enfants. L’histoire finit plutôt bien pour ce petit cœur qui a directement été récupéré par la dame qui l’avait gardé avant qu’il n’arrive chez nous. Il a vécu de nombreuses années dans une ferme avec cette dame, ce qui a dû être la meilleure vie pour lui.
Vous comprenez aisément que cette histoire comporte plusieurs problèmes : offrir un chien, d’autant plus une race avec un grand besoin de dépense, à une famille qui n’est pas prête à en accueillir un, ce n’est pas une bonne idée. Le premier souci réside dans le choix de la race, le jack russel qui n’était pas du tout adapté à un foyer avec de jeunes enfants et des parents novices en éducation canine. Bon nombre de bas de pyjamas ont trouvé leur perte dans la bataille. Le second point qui pose question est le fait que le chien ou le chiot ne soit pas forcément désiré par sa famille d’adoption. Même si sur le moment, la personne à qui vous offrez ce cadeau poilu va le trouver adorable, la réalité va bien vite la rattraper lorsqu’il sera question d’accompagner ce petit être dans son intégration au sein de notre société.
Ceci étant dit, si vous souhaitez mûrir un projet d’adoption, ne quittez pas cet article. Nous allons voir ensemble quelles sont les vraies questions à se poser avant d’agrandir la famille avec un toutou.
L’adoption, un projet familial
Autres humains, enfants, animaux ? Ces personnes qui partagent déjà votre vie seront forcément impactées par l'arrivée d'un nouveau membre.
Les autres humains de la maison : À moins que vous soyez célibataires et que vous viviez seul, votre futur chien sera amené à cohabiter avec les autres humains qui partagent votre logement : colloques, parents, conjoints, enfants. Il est donc nécessaire de s’assurer que chaque personne faisant partie du foyer donne son accord pour vivre avec un toutou. Afin que chacun trouve sa place, il faudra tenir compte de ses craintes, de ses soucis de santé ou des allergies éventuelles.
Ensuite, réfléchir en amont à la répartition des tâches concernant le chien peut aussi changer la donne. Si vous pensiez que votre compagne ou votre compagnon vous aiderait mais que s’investir dans le projet ne le ou la tente pas, cela change quelque peu la donne puisque vous aurez potentiellement moins de temps pour vous et une charge mentale plus importante. Adopter un chiot, c’est comme s’occuper d’un jeune enfant, il faut avoir des nerfs solides, de la patience et idéalement quelqu’un
En ce qui concerne les enfants, n’allez pas vous figurer, période des fêtes oblige, que ce chiot tant désiré dans leur liste au père noël restera leur priorité. Nous sommes dans la vraie vie, pas dans le dernier téléfilm de noël que vous avez regardé sous le plaid en sirotant un bon chocolat chaud. En tant qu’adulte, c’est votre nom qui sera noté sur les papiers et votre responsabilité qui sera engagée envers la société et la personne sensible qu’est le chien. Inclure les enfants dans l’éducation et le soin apporté à leur compagnon à quatre patte peut être très enrichissant pour peu qu’on tienne compte des capacités de l’enfant en question. Et par pitié, je ne veux plus voir de jeunes enfants tenir la laisse d’une berger australien faisant deux fois leur poids ! Si vous souhaitez vraiment donner à votre enfant l’impression de pouvoir balader un chien qu’il ne peut pas contrôler en cas de besoin, pourquoi ne pas attacher une seconde laisse pour le petit et de garder la principale dans votre main… Simple proposition. Au fil du temps et de son développement, votre progéniture pourra prendre plus de place dans la vie du chien, toujours sous votre supervision.
Même si l'agrandissement de la famille est source de joie pour nous, n'oublions pas qu'adopter un nouvel animal revient à imposer sa présence à ceux faisant déjà partie du foyer. Voici les points auxquels réfléchir :
- Chaque animal bénéficie-t-il d’un espace suffisant s’il a besoin d’être à l’écart ?
- Quelle est la différence d’âge entre l’animal déjà présent et le nouvel arrivant ? Est-ce une bonne idée de venir déranger la sérénité d’un chien malade ou vieux avec un juvénile débordant d’énergie ? Si la différence d'âge est importante, comment allons-nous pouvoir faire en sorte que chacun bénéfice d'une espace calme qui lui est propre ?
- L’autre animal est-il sociable ? Y a-t-il des risques d’agressions entre les animaux ? Par exemple si votre chien est agressif, il pourrait blesser le chiot et créer des associations négatives pour ce dernier avec les autres chiens.
- Les espèces que vous allez faire cohabiter sont-elles compatibles ? Gérer la vie entre un chien de type ratier et des souris, rats ou furets pourrait rapidement tourner à la catastrophe et mettre en danger la vie du rongeur dans ce cas. En général, la cohabitation entre les chiens et des petits animaux : chats, rongeurs et oiseaux peut rapidement s’avérer délicate car ces espèces font souvent partie des proies à chasser pour lesquelles nos chiens ont été sélectionnés.
- Le temps, toujours le temps… Il passe vite et, en fonction des espèces dont vous devez vous occuper, il peut s’amenuiser plus rapidement qu’on ne le pense.
- Lorsqu’il s’agit d’adopter un second chien, les mêmes réflexions s’appliquent.
Les budgets : temps et argent
Animal et enfant se ressemblent sur ce point qu'ils requièrent tous deux une implication de la part de leurs parents tant au niveau financier que du temps à leur accorder.
Commençons par le poids que représenté la vie avec un chien dans votre agenda quotidien. Pour cela, nous regarderons deux aspects : les sorties et le temps consacré à son éducation.
- Les sorties : la dépense physique est une composante essentielle du bien-être canin. Nos chiens sont faits pour bouger quotidiennement. Si le besoin d'exercice varie fortement en fonction de la race et de l'âge du chien, il ne faut néanmoins pas le négliger. 45 minutes de balade stimulante une fois par jour est un minimum pour avoir un chien adulte en bonne santé bien dans ses pattes. Et ce peu importe la météo. Pour mes compatriotes belges, vous savez ce que c'est de faire le trois-quarts de ses balades sous la pluie. ^^ Enfin cela implique également d'avoir de bons vêtements d'extérieur pour l'humain afin d'être confortable dehors par tous les temps. Si les sorties sont gratuites pour peu que l'on prenne de notre temps, parfois nous devons faire appel à des promeneurs professionnels ou dog walkers lorsque le temps nous manque. Je parle bien ici de personnes formées et assurées et pas de l'ado du voisin du coin qui proposes ses services pour se faire un peu d'argent de poche.
- L’éducation : si vous avez déjà lu certains de mes articles, vous savez que j'ai une phrase fétiche : "il est plus facile et moins couteux d'éduquer que de rééduquer". Investir dans l'éducation de son chien, c'est investir pour l'avenir de votre relation. Et accessoirement pour les, minimum, 10 prochaines années de votre vie. Il me semble que cela vaut le coup. Plusieurs options s'offrent à vous selon votre degré de compétence en éducation canine et vote budget. Du simple livre d'éducation positive en passant par les cours de groupe ou l'accompagnement privé plus ou moins long, tout est possible. Sachez qu'il vous faudra débourser au moins 15 € pour un cours collectif et entre 50 et 60 € pour une heure de cours individuel.
Ensuite, assurez-vous d’avoir un budget suffisant pour subvenir aux besoins du chien. Quand tout va bien, la somme en fin de mois pour prendre soin de toutou ne sera probablement pas très élevée. Par contre le moindre souci de santé ou de comportement pourrait vite faire grimper la facture. Gare aux imprévus ! Voici une liste des dépenses qui devraient figurer dans votre budget (bon je ne parle pas de réaliser un plan financier, mais presque ^^)
- La nourriture dont le prix variera fortement selon la qualité que vous choisissez. Entre une croquette de supermarché ou une ration concoctée par vos soins, la qualité et le prix seront bien différents. Le tout est de trouver le bon équilibre entre ce qui convient au chien et ce qui convient à nos possibilités financières.
- La mastication : je mets ce critère à part de la nourriture car s’il n’est pas essentiel pour fournir à votre chien de l’énergie, il est primordial pour son bien-être. Le chien est un canidé qui a besoin de faire fonctionner sa super mâchoire. Notez que ce besoin et donc son coût varie en fonction de la taille du dit-chien et de son besoin propre de mastiquer.
- Les soins de santé : les classiques check up annuels et vaccins, les autres bobos en tout genre peuvent faire basculer rapidement votre budget. Certaines races sont davantage disposées que d’autres à avoir des soucis de santé comme le bouledogue qui doit souvent se faire opérer du voile du palais pour être capable de respirer correctement, d'autres sont dites plus robustes. Choisissez en fonction de cela.
- Le matériel : coussins, laisse, harnais, brosses, jouets, jeux d’occupation, etc. Celui-ci peut être acheté une seule fois si vous avez un chien respectueux de ses affaires. Pour un chiot, il est utopiste de penser à investir dans un panier trop haut de gamme. Tous ne testeront pas le moelleux du coussin avec leurs crocs, mais mieux vaut jouer la prudence.
- L’éducation : si ce point de dépense n’est pas un passage obligatoire, pour certaines personnes l’accompagnement d’un professionnel s’avérera être une grande aide dans l’éducation d’un chiot. Je vous renvoie à mon article sur le sujet pour de plus amples informations. Comme je le répète aux binômes humains-chiens que je suis, mieux vaut pauser des bases saines que de devoir se dépatouiller une fois les soucis bien ancrés.
- La rééducation ou prise en charge de soucis de comportement : en fonction de la nature problème de comportement et de son historique, la rééducation peut être plus ou moins longue. Si vous faites appel à un professionnel dès les premiers moments où votre jeune chien va se mettre à grogner sur les passants, la marge de manœuvre et de progression sera plus grande que si vous nous contactez après trois ans de sorties compliquées parce que le chien a mordu quelqu’un. En général rééduquer un chien prend plus de temps que de l’éduquer et pèsera logiquement plus cher dans votre budget. Cette réflexion est aussi valable si vous adoptez en refuge ou via une association un chien au passé difficile ou inconnu.
- Les solutions de garde si vous ne pouvez ou ne voulez pas emmener toutou avec vous en vacances. Le laisser quelques jours ou semaine en pension, le faire garder par des professionnels ou des amis augmentera certainement votre budget vacances.
Un chien, mais lequel ?
Pour ce point, je vais vous faire languir encore un peu. 😁Cette thématique fera l'objet d'un article qui lui sera 100 % dédié. Je peux simplement vous dire que l'espèce canine se compose de plus de 400 races différentes, chacune sélectionnée pour une fonction spécifique. Autant dire qu'au sein de l'espèce canis familiaris, un chien ne ressemble pas à l'autre, tant sur le plan physique que comportemental.
Le mot de la fin
J’ai toujours apprécié regarder le journal télévisé le lendemain de Noël pour une rubrique en particulier : celle des cadeaux ratés ! On y voit tout un chacun rapporter le cadeau qu’il a en double, celui qui ne lui plait pas du genre le robot de cuisine dernière génération pour un adepte des plats surgelés ou encore le livre révolutionnaire du régime offert par tata Jeanine qui veut vous faire passer un message subliminal. Vous voyez le genre… Les cadeaux non désirés sont ainsi échangés, revendus ou remboursés en magasin et sur les plateformes de seconde main ; une aubaine !
Transposons cette situation à un chien offert pendant les fêtes (la réflexion est valable pour tout autre animal également). Que se passera-t-il si le joli petit golden offert à vos enfants ne sait pas rester seul une fois la semaine de fêtes passée et retapisse votre intérieur ? Ou que l’adorable jack Russel ne sait pas se comporter autrement qu’en véritable petite tornade avec les enfants ? Vous pourrez toujours recontacter l’éleveur, si le chiot provient d’un élevage, qui pourra le récupérer et lui chercher une famille plus adaptée : perte d’argent pour vous et de temps précieux pour un chiot est en développement. Et encore, cette situation est la plus enviable ! Certains éleveurs ne reprennent pas leurs chiots (ce que je comprendrai jamais de la part d’un vrai bon éleveur…) il faudra donc chercher une autre solution. Malheureusement, il serait tentant de revendre le chien sur les réseaux sociaux (même si cette pratique est légalement interdite) ou sur un site de petites annonces pour récupérer au moins un peu sur la mise. Oui oui, j’ai écrit ces mots et croyez-moi ils sont douloureux. Penser à l’argent quand il en va du bien-être d’un animal qui n’a rien demandé, ça me hérisse le poil ! Aucun garantie que le chiot sera bien traité par la suite par ses nouveaux adoptants… Si vous avez un peu de cœur et de respect pour vous-même, vous opterez plutôt pour la case refuges ou associations qui, contre un acte d’abandon signé et une petite somme d’argent, s’engageront à replacer votre chien. Il n’y a aucune garantie que le chiot soit adopté, qu’il ne fasse pas le yoyo entre plusieurs nouvelles familles avant de trouver la bonne. La période sensible qui dure environ jusqu’aux trois mois du chiot est cruciale pour son bon développement. À être balloté ainsi de foyer en foyer ou cantonné aux barreaux de sa cage, peu de temps sera accordé à une socialisation minimale, ce qui peut créer bon nombre de déficits comportementaux à l’âge adulte. C’est triste, mais c’est ainsi.
La solution ? Vous savez que je n’aime pas faire de constat sans proposer quelques pistes derrière. La première me semble être de murir tout projet d’adoption et de ne pas précipiter les choses pour que Max se retrouve avec un joli nœud rouge en satin sous le sapin. N’hésitez pas à vous faire accompagner dans cette réflexion. Moi-même comme d’autres collègues proposons des séances autour du projet d’adoption que ce soit pour un chiot, un adulte dans un élevage ou en refuge. Cela vaut le coup de se poser les bonnes questions. Seconde piste à explorer, si la demande d’avoir un chien vient de vos enfants, gardez bien à l’esprit que ce ne seront pas eux les responsables de l’animal : mais vous ! Une peluche interactive, des sorties régulières dans des refuges afin de promener des chiens en grande demande de dépense physique sont deux alternatives qui n’impliquent pas le destin d’un petit être qui n’a rien demandé.
Dans tous les cas, la patience et le temps importent tant dans la réalisation d’un projet d’adoption réussie : ne courrez pas tête baissée !